Le Rwanda célèbre en Avril la 25ème commémoration du génocide perpétré contre les tutsi en 1994. Ceux qui n’étaient pas nés lors du génocide sont actuellement des adultes dont certains ont déjà terminé leurs études universitaires. Face à une situation inconnue pour eux, au manque d’espace de discussion et d’information, ces jeunes, la plupart au banc de l’école demandent qu’ils soient aussi incorporés dans la mémoire pour se l’approprier.
« La transmission de la mémoire aux jeunes » reste une priorité à encourager, selon RCN Justice & Démocratie, une ONG belge œuvrant au Rwanda et l’Association Modeste et Innocent (AMI). Tenant compte des conséquences trans-générationnelles du génocide perpétré contre les Tutsis en 1994, les jeunes scolaires commencent à attacher une grande importance dans la commémoration. Non encore nés, eux, leaders de demain sont sentent tous concernés : « Ceux qui n’ont pas les leurs tués pendant le génocide, ont des membres de leurs familles accusés de leur rôle dans le génocide », fait savoir un agent d’AMI.
Pour un « ne plus jamais (never again) », les élèves du Groupe Scolaire Officiel de Butare, de l’Ecole Notre Dame de la Providence et de l’Ecole Secondaire Regina Pacis, toutes du district Huye sont certains de l’importance de la mémoire : « la commémoration est un bon moment de réfléchir sur notre passé et de tirer les leçons de l’avenir. C’est aussi un bon moment d’apprendre aux autres jeunes encore ignorants la réalité du génocide. Nous jeunes, cela nous engage ».
Si les jeunes disent vouloir être engagés pourtant, ils sont souvent contraints par les parents. A Regina Pacis, cette élève de 16 ans stipule que certains parents empêchent leurs enfants d’aller dans les veillées de la commémoration. « Ça c’est l’affaire des rescapés et de l’Etat. Ça ne vous concerne pas», dit-elle, faisant allusion aux mots que ses parents lui ont, un jour, dits.
Pour répondre à ces préoccupations, AMI intervient dans l’éducation visant à mobiliser les jeunes à être un « Credo » : « Nous avons une campagne nommée mémoire et guérison où nous insistons sur la commémoration qui ne divise pas, qui mène à la réconciliation et qui aide les jeunes à tirer des leçons sur ce qui s’est passé pour mieux préparer le futur », souligne Jean Baptiste Bizimana, Coordinateur de l’association.
Des experts affirment que les jeunes peuvent aider à la réconciliation aussi longtemps qu’ils sont nombreux et actifs. Ils ont seulement besoin d’une information fiable même si ils n’ont pas vécu de leurs propres yeux le génocide. « Impliqués nous donnons notre part car nous sommes aussi parmi ceux qui souffrent des conséquences du génocide », fait savoir Timothée Kwizera du groupe Scolaire officiel de Butare qui ajoute que les moyens actuels comme les réseaux sociaux sont pour eux un outil qu’ils peuvent utiliser dans la transmission de la mémoire et de la vérité du génocide.
Le recensement général de la population et de l’habitat de 2012 a montré que 39.6 de la population rwandaise était des jeunes entre 14-35 ans contre 47.7 des enfants entre 0-17 ans.
Sosthène Musonera